Lucie Jourdan

C’est là, aux Soulhets, que je construirai ma maison. Toute petite je me disais ça : tu construiras ta maison près de tes parents et de tes grands-parents. J’ai tous les plans dans ma tête : je l’aimerais bien en pierre, et l’intérieur plutôt moderne…mais il faut que ça suive côté boulot !

…Quand je me suis présentée aux élections, j’avais 19 ans. Ce qui m’intéresse le plus c’est de m’impliquer. Avant, je ne me rendais pas compte ! Il y en a qui ne sont jamais contents : on ne fait rien, ils critiquent, on fait, ils critiquent ! J’ai découvert mon intérêt pour la politique, pour ce qui se passe.

…Cette maison… Là où nous sommes assis, dans le pré, ce serait la terrasse. Et là, juste en dessous, une piscine pas trop moderne. Là-bas, dans l’angle, un cabanon pour la cuisine extérieure, avec un four à pizza, un barbecue. Je mettrai des arbres en bas, des châtaigniers. Tout sera parqué pour qu’on ne voit pas de la route…et parce que je veux des chiens. Derrière nous, le salon, avec une baie vitrée : ça donnerait sur le creux, la vallée. Le soir, quand c’est illuminé, on voit Lalevade. Et, au fond, le Coiron. Dans l’angle, ma chambre avec une terrasse et une petite mare. Le soir, on entendra les grenouilles. Sous la maison, enterré, un grand garage. Et les meubles… J’aime arranger les vieux meubles, qu’ils aient ma petite touche personnelle. J’ai fait un cadre de photo avec un ancien réveil, transformé un touret électrique en table de nuit avec des étoiles – comme si on regardait le ciel le soir.

J’aime quand c’est romantique et quand il y a de l’humour, la diversité – comme à Fabras avec des personnalités totalement opposées : des petits humoristes qui vieillissent bien et d’autres qui sont mesquins…et les jeunes qui « se cachent » : on ne les voit pas beaucoup. Ils vont plutôt aux alentours – moi la première – parce qu’il n’y a rien pour les attirer. Il n’y a pas d’endroit pour se rencontrer. Si l’école avait duré, il y aurait peut-être eu un foyer de jeunes après. Sinon, on ne se connaît pas trop.

J’ai des objectifs professionnels : monter mon entreprise, proche, pour que je puisse venir là tous les jours. Je n’ai pas envie d’être salariée : je suis trop indépendante. Je n’aime pas rester à ne rien faire. Je ne peux pas. Je fais toujours quelque chose. Les études la semaine, le retour à la maison de mes parents le week-end, dire bonjour aux grands-parents, voir les amis…

A Fabras, il y a le souvenir des randonnées avec mon cousin : on allait vers Prades ou vers le parking de l’église. On a fait tous les chemins : A, B, C, D, E! Ça fait des flashs : un paysage ou une parole déclenche une anecdote. Le geste de quelqu’un me fait penser à quelque chose que j’ai déjà vu… J’ai déjà vu cet endroit, et pourtant je ne l’ai jamais vu…

Au Teil, où je fais un un BTS de gestion PME/PMI on commençait à nous dire qu’on descendait de la campagne. On nous appelle les Paysannes ! Alors j’en rajoute : je dis que je trais les vaches, que je sors le fumier !…

Là, l’endroit, je le connais par cœur. Je ferme les yeux et je vois tout de suite le paysage. Si je n’habite pas là, je me serai fait un tel film que je serai déçue.

Avoir ma maison à Fabras.

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